Ma fille est une gagnante. N’y voyez pas là le compliment hyper subjectif d’une maman en totale admiration de sa fille mais plutôt un fait : c’est une graine de gagnante. Tout ce qu’elle fait doit absolument être matière à relever et à remporter un defi : fut-ce-t-il terminer son assiette, ne plus porter de couches, mettre son pyjama le plus rapidement possible … tout est une histoire de compétition.
Il y a deux jours nous avons fait la course. Vous devez savoir que nous avons pris l’habitude (à tort ou à raison) de généralement la laisser gagner aux jeux afin de stimuler sa confiance en elle, mais pour la première fois j’ai décidé de ne pas la laisser gagner. Sa perte fut pour elle un événement terrible. Elle ne s’en est pas remise et le surlendemain encore elle me reprochait d’avoir gagné et a juré de ne plus jamais jouer avec moi !
À la véhémence de sa réaction je me suis demandé pourquoi gagner est si important pour elle. Je pense qu’il y a un lien naturel à son âge et à l’affirmation de sa personnalité certes mais quand même…
Quand est-ce que la gagne est devenue un tel caractère majeur de sa personnalité ? Lui aurais-je transmis cela sans m’en rendre compte ? Est-ce capital pour moi de gagner ?
Dans un monde où tout est question de performance et de comparaison aux autres il me semble important d’aborder de tels sujets et de se positionner. Si rien en moi ne m’avait poussé jusqu’à ce jour à me poser de telles questions l’effet miroir de l’expérience de ma fille m’a ramené à la réalité.
Nous passons notre temps a vouloir tout gagner : une course, un defi, un prix, un pari, à en clair imposer sa suprématie à autrui. Comme si notre définition de nous même passait exclusivement par un positionnement par rapport à un autre.
Ce n’est pas ce que j’ai envie d’apprendre à ma fille, ni ce que j’ai envie de vivre. Je pense que la meilleure compétition que l’on mène est celle contre soi et ses propres faiblesses et limites.
Être la meilleure version de nous même est une tâche qui remplit bien assez et si en l’étant on s’expose à perdre, qu’il en soit ainsi. Il n’est pas dit que nous gagnerons toujours en essayant de nous dépasser mais au moins nous serons allés plus loin que la dernière fois où nous avons tenté de battre notre record. Le vrai contentement doit se trouver là et pas dans le fait que l’on ai gagné contre quelqu’un d’autre.
Je me rends compte que bien souvent dans ma vie d’adulte la tentation est grande d’évaluer ma réussite à l’aune des standards de mes homologues : vie amoureuse, nombre d’enfants, compte en banque, la marque de ma voiture, toutes ces choses tentent de nous rassurer d’avoir gagné le défi de la vie ou du moins du fait que nous sommes encore dans la course :
Mais quelle course ? Qui en fixe les règles ? Et pour quel prix ?
Il y a du bon à « perdre » et ça je veux le lui apprendre :
– Lui apprendre que perdre c’est aussi apprendre à s’extirper de la course pour peut-être trouver son propre chemin, son propre rythme
– Lui aprendre à accepter que tout ne se limite pas à crier « j’ai gagné » mais plutôt à savoir perdre si élégamment que se réjouir de la réussite de l’autre en devient une réussite
– Lui apprendre à relativiser sur les récompenses dévolues aux grands vainqueurs par le monde car le sentiment de satisfaction qu’elles procurent n’est qu’éphémère
– Lui apprendre qu’à se comparer aux autres on s’expose à toujours être deuxième
En conclusion avec son père nous avons décidé de la laisser perdre un peu plus souvent, pour son bien et aussi un peu peut-être pour me prouver que je peux encore gagner à la course !
Quel est votre rapport à la compétition et au fait de gagner ?
Hélène Bonhomme
6 août 2014 at 12 h 42 min (10 années ago)Bonne question… Je ne me l’étais encore jamais posée en ce qui concerne mes garçons. En ce qui me concerne je cherche à être assez sûre de qui je suis (forces et faiblesses) pour ne pas me sentir menacée par le succès des autres !
Sarah
7 août 2014 at 10 h 27 min (10 années ago)Je partage complètement ton avis, c’est un excellent moyen de garder les pieds bien sur terre, de s’écouter et de rester continuellement dans la gratitude quant à ce qu’on a pu accomplir.
Belle journée à toi !