The element of freedom

En grandissant, étant l’aînée de la fratrie, j’ai toujours ressenti cet impératif ordre intérieur et, faut le reconnaître extérieur, de répondre aux attentes de mes parents et à plus grande échelle, du monde qui m’entourait.

C’est peut-être un sentiment propre aux aînés car en observant avec quelle facilité mes deux soeurs vivaient leur enfance, adolescence et aujourd’hui leurs vies de jeunes adultes sans se soucier de l’appréciation de nos parents (ou dans une moindre mesure), je me suis dit qu’il y avait peut-être une leçon ou deux à saisir.

Mon cas d’étude s’est particulièrement porté vers ma dernière soeur. Elle est la benjamine et l’un des privilèges que cela offre c’est de vivre dans le détachement et le relativisme quant à l’éducation et aux attentes que les parents ont fondés avec stress et crainte de mal faire sur les premiers.

Ma baby sister est pleine d’assurance, elle a une personnalité également introvertie mais pour autant affirmée. Elle ne craint pas de vocaliser ses opinions sans se soucier de leur réception ou interprétation.

En l’observant je me suis rendue compte que la clé pour elle a été d’être acceptée dès son jeune âge comme une personne naturellement affirmée, dont les avis sont tranchés, point barre.

Oui mais comment cela se passe-t-il pour ceux qui très tôt comme moi, ont ressenti le besoin de se conformer à un cadre ?

Eh bien un jour le cadre devient lourd, oppressant, une prison. Quelle issue ?

En réfléchissant à ce qui me permettrait de me sentir davantage en relation avec ce que je ressens et avec ce que je suis sans plus mettre au centre de mes préoccupations l’avis des autres, j’ai relevé diverses options :

– changer

– accepter de me conformer

ou dernier mais intéressant et pour le moins inattendu, décevoir.

Yesss, j’ai bien dit décevoir.

Il y a un pouvoir libérateur dans le fait de ne pas atteindre les attentes de ceux qui en ont envers nous et je l’ai appris sans espérer l’apprendre, sans même le soupçonner mais plutôt en redoutant le jour où je verrai poindre dans les yeux de mon entourage la tant crainte disgrâce. Mais pour s’en rendre compte, encore faut il accepter d’expérimenter cette position inconfortable de l’insatisfaction dont nous sommes les propres responsables envers les desiderata, légitimes ou non, de notre monde.

Je ne l’ai pas programmé, la vie s’en est chargée pour moi. Mon sens des responsabilités, mon désir de toujours bien faire et mes gardes fous développés depuis des années ne m’auraient pas permis de me libérer. Il fallait donc qu’un événement voire plusieurs s’alignent afin de me faire perdre ce à quoi je tenais tant : l’approbation.

La déception a été ma pierre de salut. Sans avoir vécu la honte, le sentiment de culpabilité et les sentiments de jugement et de rejet que j’ai ressentis à ces moments, je n’aurai jamais pu témoigner aujourd’hui du fait que :

1/ on y survit

2/ on en apprend sur nous

3/ elle fraie un chemin neuf, une opportunité à l’introspection, à la découverte de soi, à l’appréciation de soi pour ce que l’on est

4/ elle permet une redéfinition des termes et des règles du jeu en notre faveur

J’ai vécu des temps vraiment difficiles à essayer de soutenir le regard, à essayer de récupérer ce que je pensais avoir perdu jusqu’à ce que je me rende compte, que je courrai finalement après une appréciation basée sur une mauvaise présentation de ma personnalité.

Décevoir m’a connecté à mon humanité. Nous ne sommes pas programmés pour être parfaits ou vivre des vies parfaites mais bien pour vivre et être. En testant, en se découvrant, en tombant, en se trompant, en réussissant parfois, en créant la surprise, en forçant l’admiration à d’autres occasions mais également en décevant et pire en se décevant soi même.

Quand l’on a jamais déçu on prend le risque d’induire une image légèrement idéaliste à notre entourage mais indirectement également à soi même. On autorise le fantasme et on légitime les « high expectations » au dépens de ce que l’on est réellement ou de ce que l’on est véritablement en capacité d’offrir.

C’est une prison dorée, certes dorée mais une prison quand même.

Aujourd’hui ces expériences m’ont fait du bien, font partie intégrante de ma définition personnelle. Je ne vous encourage certainement pas à programmer votre chute sociale mais pour ceux qui ont vécu cet emprisonnement comme moi, qui n’en peuvent plus et ne s’autorisent plus de vivre, j’aimerai vous rassurer, il y a une vie après cela.

Une vie bien plus belle car vraie et authentique. Une vie avec plus de sens car elle en trouvera dans votre vision personnelle du monde et une vie plus riche en relations de qualité car elle vous connectera à ceux qui sauront voir en vous au-delà de la déception et de l’incompréhension qui stopperont certains.

J’aimerai savoir : comment vivez-vous le fait de décevoir ? 

2 Small Talks sur The element of freedom

  1. Ludivine
    16 avril 2015 at 20 h 04 min (9 années ago)

    Humm question intéressante ! Je crois que très tôt je n’ai plus ressenti le besoin de me conformer à des attentes ou à un cadre. Ce qui m’a aidé à me détacher du regard des autres.
    Et puis je crois qu’inconsciemment je n’accepte pas que l’on fonde son espoir en moi, je fais très vite sentir que le plan de Dieu est plus important pour moi, que les attentes de mes parents, de la société etc.
    Et puis surtout je ne suis pas pas parfaite et je sais dire « je n’y arriverai pas »… ça évite les surprises !
    Mais mais mais par contre je me déçois moi même car là par contre j’ai des attentes envers moi même !!!!! Mais bon j’apprends à me mettre moins la pression…

    Merci pour cette réflexion Sarah

    Répondre
    • Sarah
      23 avril 2015 at 12 h 11 min (9 années ago)

      Merci pour ton retour Ludivine. C’est une réelle force de grandir en ayant conscience de ses limites. Beaucoup de gens tels que moi ont vécu depuis leur enfance comme un impératif de satisfaire les attentes d’autrui. Je suis plus en paix avec moi aujourd’hui et travaille sur ce trait de caractère dès qu’il re-pointe le bout de son nez. Tu as raison, en définitive le plus grave c’est de se décevoir soi, mais là encore le « too much self pressure » est à surveiller !

      Belle journée à toi !

      Répondre

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