J’ai décidé d’être une mauvaise mère et vous ?

noir et blanc

Article rédigé suite à une réflexion suscitée par une des grandes discussions de l’émission Les Maternelles, où un pédopsychiatre invitait les mères à ne pas rechercher à être des mères parfaites mais à « être », tout simplement… Suite à cette émission, j’ai pris la parole mercredi 28 mars sur les ondes de la radio France Inter au sein de l’émission Grand bien vous fasse ! animée par Ali Rebeihi autour d’auteurs, pedo-psychiatres et professionnels de la petite enfance. Le sujet : « le parent et l’enfant parfait : cela n’existe pas ! ». Cet article, que j’ai rédigé il y a quelques années a attiré l’attention des journalistes qui souhaitaient savoir pourquoi j’ai fais ce choix, à l’heure où les diktats de la parentalité positive agitent les foyers de la nouvelle génération de parents dont mon mari et moi sommes issues. Je vous laisse découvrir mon texte et discuter ensemble en commentaires : que pensez-vous de cette tendance à la perfection parentale ?

J’ai décidé d’être une mauvaise mère. Cela fait assez sens avec ma première fille qui me reproche souvent d’être méchante… et je vais vous dire comment et pourquoi.

#1 – en ne répondant pas toujours à leurs demandes

#2 – en ignorant leurs caprices

#3 – en ajoutant une mesure de frustration à leurs petites vies

#4 – en disant non souvent

#5 – en acceptant leur reproche : « oui je suis méchante et je t’aime ! »

#6 – en ne leur donnant pas tout, en ne leur montrant pas tout et en ne leur disant pas tout. Mais en laissant une part de mystère, celle qui aiguise la curiosité et l’apprentissage par soi

#7 – en apprenant que mes erreurs en tant que mère ne leur donnent pas nécessairement droit à un pass coupe-file pour 15 ans de thérapie comportementale

#8 – en me pardonnant mes excès émotionnels (colère, fatigue, lassitude…)

#9 – en leur permettant de voir que mon humanité et mes faiblesses les autorisent à être à leur tour humaines, faibles et imparfaites et que c’est N.O.R.M.A.L.

#10 – en étant juste moi, tributaire de mon éducation mais néanmoins responsable de celle que je décide de leur donner

Car je veux que mes filles aient toutes les cartes que j’ai en main et qu’elles recherchent activement celles qui leurs manquent. Je veux que frustration, contrôle, limite mais aussi liberté, créativité et détermination forment l’essentiel de leur jeu.

Parce que je veux qu’elles aient la juste dose de confiance en elles, qui les rende sensibles à la peur et au doute, juste assez pour se dépasser, assez pour s’élever et élever les autres.

Je veux être une assez bonne mauvaise mère pour qu’après leur avoir donné tout ce que j’ai et n’ai pas et qu’elles se soient lassées de mes bras, qu’elles courent chacune sur le sillon qui leur est réservé à la conquête de ce manque nécessaire à leur développement, qu’une mère parfaite n’aurait pu leur procurer. Afin qu’elles partent à la conquête de ce qui les remplira, à la conquête de l’autre, de l’inconnu, du monde, d’elles.

Voilà pourquoi, de tout mon coeur, je veux être une mauvaise mère et pourquoi je vous invite à l’être aussi, juste un petit peu (parfois). Et vous ?

Pour écouter l’émission, c’est par >  ici

Ce texte a été première publié sur le site des fabuleuses au foyer !

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